Seminario a Parigi per Lina Mangiacapre, Lucia Mastrodomenico e Angela Putino


Philosophie et genre

Réflexions et questions sur la production philosophique féminine en Europe du Sud au XXe s.

(Espagne, Italie)

 Nous aurons le plaisir d’entendre  :

Rosa Rius GATELL, professeure à l’Université autonome de Barcelone

« María Zambrano (Vélez-Málaga 1904-Madrid 1991). Manières d’affronter l’exil, réflexions sur la joie et la douleur »

Françoise Collin, philosophe et écrivain, participera à la discussion

Stefania TARANTINO, assistante à l’Université de Naples “Federico II”
« Créativité et politique chez les philosophes napolitaines : Lina Mangiacapre, Lucia Mastrodomenico, Angela Putino »
Discutante : Elisabeth Grabli, avocate Teresa Mangiacapra (artiste), Alessandra Macci (syndicaliste, membre du collectif de Madrigale), Nadia Nappo (bibliothécaire, membre de ce même collectif et de Adateoriafemminista) interviendront dans le débat.

 

jeudi 12 avril 2012 de 16h à 19h

à la FMSH, 190 avenue de France, 75013 Paris
Salle A en sous-sol (s’adresser à l’accueil)
Metro Quai de la gare
Bus 89, Quai de la gare
Résumé de l’intervention de Rosa Rius Gatell
   Cette intervention portera sur la « philosophie vivante » de María Zambrano, l’une des très rares femmes-philosophes espagnoles de la première moitié du xxe s. Elle quitta l’Espagne lorsque la guerre civile s’acheva par la défaite des républicains et l’établissement de la dictature de Francisco Franco. Ayant participé activement à la lutte contre le géneral Franco, elle restera en exil de 1939 à 1984 et rentrera en Espagne le 20 novembre, neuf ans après la mort du dictateur. Paris, (Morelia) Mexico, La Havane, Porto Rico, Paris encore, La Havane de nouveau, Rome, Le Jura français, Genève… tels seront les lieux de ses pérégrinations. Au cours de cet exil instaurant dans sa pensée un axe incontournable en tant que forme de création et d’éveil de la conscience, elle n’a pas cessé de décrire le « pas de l’exil ». Ce passage en clé zambranienne invite à réfléchir sur l’expérience de la perte, de la douleur et de la joie. « La joie et la douleur sont des situations de fond ». « La douleur et la joie sont créatrices et transformatrices ; elles transforment la personne et c’est là un moyen extrême de dire qu’ils la forment ». Nous réfléchirons « à plusieurs voix » sur la force (et peut-être la faiblesse ?) de ses arguments.
Les travaux de Rosa Rius Gatelldirectrice du Séminaire « Filosofia i Gènere », s’articulent autour de la philosophie de la Renaissance et de la pensée des femmes (XIIe-XVIe s. et XXe s.). Parmi ses publications récentes : “Il Principe” de Maquiavel. Primera traducció espanyola basada en un manuscrit inèdit, Barcelona / Castelló: Fundació Germà Colón Domènech / Publicacions de l’Abadia de Montserrat, 2010 (co-auteur Montserrat Casas).
 
Résumé de l’intervention de Stefania Tarantino
Dans une ville qui connaît et vit les contradictions extrêmes, difficilement conciliables, de la beauté et de la laideur, du bien et du mal, du respect et de la violence, de la douleur et de la joie, les « figures » de L. Mangiacapre, L. Mastrodomenico et A. Putino sont autant de « phares » éclairant le sens de la politique et de la liberté à partir de la différence sexuelle. Elles ont une liaison profonde avec leur ville et leur terre d’origine, et une pleine conscience de ce que Naples représente la pointe de l’iceberg des contradictions de la culture occidentale. Elles voient la douleur imprimée dans le corps de la ville mais savent que vivre dans ce contexte n’est pas indifférent et qu’il faut avancer une nouvelle manière de voir, à partir d’une modification de la pensée et de l’affectivité. Elles ont eu la possibilité de se connaître et d’expérimenter une pratique de relation politique à travers laquelle elles ont tenté de donner épaisseur et complexité à l’énorme écart séparant ce qui existe de ce qui devrait être, ce qui est imposé de l’extérieur et ce qui est imposé de l’intérieur – grâce à une expérience de relation et de différence.
Bibliographie
- Lina Mangiacapre, Pentesilea, Cartopoli, Napoli 1996 ; Donne e unicorni, Cartopoli, Napoli 1995 ; Faust-Fausta, L’Autore libri, Firenze 1990 ; Il mare sarà solo, Edizioni del Giano, Calcata 1993 ;  Amazzoni e Minotauri, Raffaelli editore, Rimini 2008.
- Lucia Mastrodomenico, Gli anni ’70 e Napoli, Magistra, Napoli 1993 ; Défilé : donne africane ad Aversa, L’ancora, Napoli 1999 ; Solo l’amore salva, postface de Luce Irigaray, Liguori, Napoli (à paraître en 2012).
- Angela Putino, Simone Weil e la Passione di Dio. Il ritmo divino nell’uomo, ed. Dehoniane, Bologna, 1997; Amiche mie isteriche, Cronopio, Napoli, 1998; Simone Weil. Un’intima estraneità, Città Aperta, Troina, 2006; I corpi di mezzo. Biopolitica, differenza tra i sessi e governo della specie, Ombre Corte, Verona 2012.

 

Stefania Tarantino a obtenu deux titres de docteure en philosophie : à l’Université de Genève  (« La libertà in formazione. La comunicazione filosofica in Jeanne Hersch e in María Zambrano », 2007) et auprès de l’Istituto Italiano di Scienze Umane (SUM) à Naples (thèse sur Simone Weil et María Zambrano, 2011). L’originalité des femmes philosophes du XXe siècle face à la tradition métaphysique occidentale est au centre de ses travaux. Elle a participé à différents colloques et depuis 2009 elle intervient dans « La scuola estiva della differenza di Lecce », dirigée par Marisa Forcina, professeure d’Histoire des doctrines politiques. Elle est membre du collectif de la revue on line Adateoriafemminista (adateoriafemminista.it) fondée par A. Putino et L. Mastrodomenico.
Principaux ouvrages : La libertà in formazione. Studio su Jeanne Hersch e María Zambrano, Mimesis, Milano 2007; Pensiero e giustizia in Simone Weil, Aracne, Roma 2009; Esercizi di composizione per Angela Putino. Filosofia, differenza sessuale e politica, Liguori, Napoli 2010 ; Le filosofe e l’idea di Europa (à paraitre fin 2012).